BINUH : Entre Mars et Mai 2023 ,49 femmes ont été victimes de viols collectifs commis à Deye Mi à Cité Soleil par le gang de Terre noire
Des membres de gangs ont commis 18 vols collectifs,15 viols individuels. En réponse à cette situation, certains habitants ont eu recours à une « justice populaire », en créant le mouvement Bwa Kale, qui a pris de l’ampleur à la fin du mois d’avril 2023.
Selon le BINUH en date de juin 2023, ce mouvement aurait tué plus de 200 personnes soupçonnées d’être des membres de groupes criminels, souvent avec la complicité d’officiers de police, dans tous les départements d’Haïti.
Plus de 19 000 personnes qui vivent dans la commune de Cité Soleil à Port-au-Prince ont connu une famine catastrophique à la fin de l’année 2022, une première en Haïti et dans les Amériques. Haïti est désormais l’un des pays dont les communautés sont les plus menacées par la famine aux côtés de l’Afghanistan, du Burkina Faso, du Mali, de la Somalie, du Soudan du Sud, du Soudan et du Yémen. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont élevé Haïti au « plus haut niveau de préoccupation » en matière d’insécurité alimentaire pour la période allant de juin à novembre 2023.
En outre, environ 5,2 millions de personnes ont actuellement besoin d’une assistance humanitaire.
1- Depuis plus de six mois, les résidents de plusieurs quartiers de la commune de Cité Soleil (zone
métropolitaine de Port-au-Prince) sont les victimes d’une violence armée qui a pris diverses formes :
meurtres, blessures, disparitions, violences sexuelles, restrictions de circulation et destructions de
biens. Loin d’être aléatoire, cette violence mettant aux prises deux coalitions de gangs, répond à des
dynamiques politiques, économiques et personnelles visant à assujettir les populations et exercer un
contrôle territorial sur cette commune.
2- Entre le 8 juillet et 31 décembre 2022, dans le seul quartier de Brooklyn, qui a été particulièrement
ciblé par les gangs au cours de la période, au moins 552 personnes ont été tuées, blessées ou ont
disparu, dont 263 personnes tuées, 285 autres blessées et quatre disparues. À cela s’ajoutent les viols collectifs de dizaines de femmes et de jeunes filles et le déplacement de plusieurs centaines de personnes, dont certaines ont vu leurs habitations détruites ou pillées.
3- Si, au cours des premières semaines du mois de juillet, ce quartier a enregistré d’intenses attaques
menées par le gang « G-9 en famille et alliés » (ci-après, G-9), les semaines et mois suivants ont
connu un climat de terreur quasi permanent du fait de l’emploi de snipers pouvant tuer
indistinctement toute personne qui passait sur leur champ de vision.
4- Parallèlement, le G-9 a utilisé d’autres tactiques consistant à restreindre la circulation des habitants et bloquer l’accès aux biens de première nécessité, notamment l’eau et la nourriture, mais aussi aux services sanitaires, comme le ramassage des déchets. Ces tactiques sont eu pour conséquence d’appauvrir davantage les populations locales et de dégrader un environnement sanitaire déjà extrêmement insalubre, favorisant ainsi la propagation de maladies infectieuses. À ce titre, des cas de
choléra ont été enregistrés dans le quartier de Brooklyn dès le début du mois d’octobre alors que les services de santé n’en avaient pas documenté dans le pays depuis 2019.
5- Face à cette violence armée, la Police Nationale d’Haïti (PNH) n’est intervenue que de manière limitée pour restaurer l’ordre public et protéger les résidents vivants dans les quartiers de Cité Soleil. Ne disposant pas des moyens humains et matériels adéquats, la PNH n’est pas en mesure d’éradiquer l’expansion des gangs, d’où la nécessité de renforcer immédiatement les capacités de la Police Nationale Haïtienne avec un soutien international coordonné et considérer urgemment le déploiement d’une force d’appui de temps limité dans des conditions conformes avec les droits humains, ainsi qu’un plan d’action complet et précis.
6- Si la police judiciaire a ouvert assez rapidement une enquête sur les exactions commises contre les populations, notamment celles relatives aux violences sexuelles, en revanche, les magistrats de la juridiction de Port-au-Prince, dans laquelle se situé Cité Soleil, n’ont, à la date de publication du rapport, quant à eux, posé aucun acte de procédure en vue d’arrêter et de juger les auteurs présumés.
7- Les services sociaux étatiques ont également fait face à de nombreux défis pour répondre rapidement à la dégradation de la situation humanitaire provoquée par cette violence. Les associations communautaires et les organisations non gouvernementales, déjà présentes dans les quartiers affectés de Cité Soleil, ont quant à elles augmenté leurs opérations dès que les conditions sécuritaires l’ont permis, et cela malgré parfois des budgets très réduits. De même les agences humanitaires des Nations unies ont pu organiser des distributions ponctuelles à partir de la fin du mois de juillet après avoir obtenu l’accès aux quartiers affectés de Brooklyn.
Toutefois, sur la base des entretiens menés par le Service des Droits de l’Homme (SDH) du Bureau
Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) auprès des acteurs concernés, il a été établi qu’une partie
des populations les plus vulnérables affectées par la violence n’a pas pu bénéficier des aides
humanitaires, en raison notamment du rôle ambigu qu’ont pu jouer les fondations sociales présentes à Cité Soleil.
Kjb4 infos
Share this content: